Quand l’immobilier s’engage pour le mieux-logement, rencontre avec Isabelle Larochette

En 2013, Isabelle Larochette, présidente-fondatrice de De La Cour Au Jardin, crée I Loge You, une fondation qui réunit la profession immobilière sur la question du logement. Si aujourd’hui la crise du logement demeure une préoccupation importante des Français, Isabelle en a fait un de ses combats depuis 2007 et l’appel d’Augustin Legrand et des Enfants de Don Quichotte.

Isabelle, quel a été votre parcours ?

Isabelle Larochette : J’ai grandi dans le Berry et puis j’ai beaucoup bougé. Je suis une autodidacte. Après le bac, j’avais besoin de liberté alors j’ai sillonné la France. Je me suis engagée dans des associations et j’ai fait plein de petits boulots. J’ai travaillé dans le prêt-à-porter, la restauration… j’ai même organisé un défilé de mode à Bourges ! 

Comment en êtes-vous arrivé à l’immobilier ?

I.L. : Je suis arrivée dans l’immobilier un peu par hasard. C’est un promoteur immobilier de Bourges qui m’a mis le pied à l’étrier. Au départ, je ne savais pas bien en quoi cela consistait mais très vite j’ai fait ma première vente et j’y ai pris goût. J’ai eu le sentiment d’avoir trouvé ma voie. Et puis, j’ai reçu une proposition d’une grosse étude notariale et je suis devenue clerc de notaire. Je leur ai imposé deux conditions : suivre une formation initiale et pouvoir assister chaque notaire associé sur ses différents dossiers (vente, succession, donation…). J’ai acquis une grande expérience sur tous les aspects juridiques. Cela m’a passionné et ça a été le pilier de toute la suite de ma carrière.

Pourquoi ne pas avoir poursuivi dans le notariat ?

I.L. : Parce que je suis curieuse ! Je suis restée quelques années dans cette étude mais j’ai voulu comprendre une autre facette de l’immobilier alors j’ai rejoint une banque à Paris où j’étais chargée de vendre et promouvoir des prêts-relais auprès des professionnels de l’immobilier. Cette expérience m’a apporté énormément de choses et puis j’ai été débauchée par un réseau immobilier pour prendre la tête d’une agence.

Et comment est née De La Cour Au Jardin ?

I.L. : Comme toujours, par une rencontre… J’ai rencontré mon premier associé et nous avons ouvert notre première agence à Batignolles en 1998 avant d’en ouvrir une seconde à Montmartre. Au-delà des biens spécifiques que nous vendions, quand vous rentriez dans ces agences, vous rentriez dans une maison. On avait créé des espaces très cosy avec des cheminées et des tapis. Et surtout, on accueillait les clients autour d’une table ronde. Il n’y avait pas cette barrière d’un bureau derrière lequel on reçoit les gens. Cette ambiance favorisait les échanges. On faisait en sorte de s’y sentir comme à la maison.

Aujourd’hui, De La Cour Au Jardin est une agence 100% digitale. A quel moment avez-vous opéré cette transition ?

I.L. : En 2015, à une période où internet a vraiment pris le pas sur l’agence physique. Les clients ne se déplaçaient plus à l’agence mais nous contactaient parce qu’ils avaient vu nos annonces sur les réseaux. J’ai compris que le métier était en train de changer et j’ai décidé d’embrasser la vague. Le réseau De La Cour Au Jardin était né. 

En parallèle, vous vous inscrivez très tôt dans la lutte contre le mal-logement. Vous avez notamment réussi à embarquer une partie de la profession immobilière à vos côtés dans ce combat… Comment est né cet engagement ?

I.L. : A l’époque, en 2007, j’habitais sur les quais de Jemmapes et j’ai assisté à la manifestation d’Augustin Legrand avec l’association des Enfants de Don Quichotte. Il avait lancé un appel national pour dénoncer le sort réservé aux SDF. Des centaines de SDF avaient plantés leur tente sur le quai, en bas de chez moi. Alors je suis allé discuter avec eux et… j’ai pris une claque.

Vous allez alors monter l’association Agence Solidarité Logement (ASL)…

I.L. : Oui, je me suis dit qu’en tant que professionnel de l’immobilier, il y avait des choses à faire. Que nous avions également une responsabilité. J’ai réuni quelques amis avec lesquels nous avons monté l’association Agence Solidarité Logement. L’idée c’était de reverser 1% de son chiffre d’affaires au profit des mal-logés. On a alors lancé un appel dans Le Parisien à la profession immobilière et 80 agences nous ont rejoint.

Que faisiez-vous des sommes récoltées ?

I.L. : On les reversait à des associations ou des fondations qui luttaient concrètement, sur le terrain, contre le mal-logement. Et puis, un jour, je suis contactée par la Fondation de France qui me fait part d’un cas de figure un peu particulier. Il leur arrive de recevoir des biens immobiliers en legs et ils ne peuvent pas les vendre en direct. Ils nous ont alors proposé de passer par le réseau des agences ASL pour se charger de ces ventes. 

En 2013, vous choisissez d’aller plus loin et montez la Fondation I Loge You sous l’égide de la Fondation de France… Comment œuvre-t-elle ?

I.L. : La Fondation I Loge You œuvre pour le mieux-logement. Chaque année, nous désignons un projet à soutenir et doter. Depuis notre création, on a participé à la rénovation d’un Village d’Enfants d’Action Enfance à Montargis ; on a rénové un refuge pour des femmes victimes de violences dans le centre de Paris ; nous avons soutenu la création d’un EHPAD solidaire dans une ancienne école près de Sancoins… Bref, des actions qui s’adressent à toutes et tous, quel que soit son âge ou son origine.

Opération avec Action Enfance à Montargis

Un souvenir marquant à partager ?

I.L. : Le souvenir le plus marquant c’est quand nous avons rénové ce pavillon d’Action Enfance. On avait notamment fait livrer tout le mobilier et contacté un distributeur de jouets et une maison d’édition. Voir la joie de ces enfants pour qui c’était Noël, émotionnellement, c’était très fort.

Comment vous arrivez à embarquer le monde de l’immobilier derrière vous ?

I.L. : On ne va pas se mentir, c’est très difficile d’aller chercher des fonds. Il faut relancer en permanence, discuter, négocier. Aujourd’hui on est installé dans le paysage mais au départ on m’a pas mal jeté. Je ne suis pas du genre à lâcher le morceau alors je revenais par la fenêtre… Mais quand, au final, on remet le chèque à l’association, on se dit que ça vaut le coup de se battre.

Quelle est l’action qu’I Loge You mène cette année ?

I.L. : Cette année on veut répondre au problème du logement étudiant. Il y 3 millions d’étudiants en France et 250 000 d’entre eux sont très mal logés. 50% des étudiants ont un reste à vivre de 3€ par jour et, c’est symptomatique, 17% ont abandonné leurs études faute de moyens. Rendez-vous compte ! Avec l’UNPI et la FNAIM, on a donc décidé de lancer une campagne pour inciter les propriétaires qui ont une chambre vacante à loger un étudiant. 

On note aujourd’hui une certaine défiance à l’égard de ce type d’initiatives spontanées de la part d’entreprises. Qu’est-ce que vous répondez à cette critique de « social washing » ?

I.L. : J’y suis très sensible. Je vais vous dire, au départ, je refusais d’en parler au nom de De La Cour Au Jardin. Je ne voulais pas qu’on me reproche ça. Je ne voulais pas qu’on puisse se dire que je me servais de ça pour promouvoir mon entreprise. On le fait pour les autres, pas pour le business. Si vous allez sur notre site, sur nos réseaux, on n’a jamais dit qu’on avait fondé I Loge You. Si aujourd’hui j’en parle ouvertement, alors que notre fondation à 11 ans, c’est parce qu’il y a urgence. La crise du logement est plus forte que jamais.

Enfin, Isabelle, vous n’y dérogerez pas, vous serez logé à la même enseigne que nos invités habituels et devrez répondre à notre question fétiche : quelle est votre définition de l’art de vivre ?

I.L. : Spontanément je dirais que c’est l’art de réunir et de rassembler. Pour moi c’est la convivialité, l’art de recevoir, la simplicité des moments partagés.


Fondation I Loge You

Œuvrer pour le mieux-logement

Site internet
www.fondation-ilogeyou.fr/


Partager :

Le Magazine De La Cour Au Jardin

Pré-Estimation de votre bien



Remplissez notre formulaire de pré-estimation en ligne et un ambassadeur De La Cour Au Jardin vous contactera.

INSCRIVEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER

* champs requis


*Vous pouvez vous désabonner à tout moment en cliquant sur le lien dans le bas de page de nos e-mails. Pour obtenir plus d'informations sur nos pratiques de confidentialité, rendez-vous sur notre site Web.
Nous utilisons Mailchimp comme plateforme marketing. En cliquant ci-dessous pour vous abonner, vous reconnaissez que vos informations seront transférées à Mailchimp pour traitement. En savoir plus sur les pratiques de confidentialité de Mailchimp ici.

Retrouvez-nous sur Facebook