Tradition et création : ébéniste au féminin, rencontre avec Carine Hecht

A l’origine c’était une passion, un hobby qu’elle pratiquait sur son temps libre. Et puis, lassée d’un métier dans lequel elle ne se retrouvait plus, désireuse de s’investir dans une activité épanouissante, Carine Hecht a sauté le pas. La voici aujourd’hui travaillant le bois, bien installée dans la région d’Avignon, et heureuse de son changement de vie. Rencontre avec une ébéniste épanouie.

Bonjour Carine, merci de nous accorder cet entretien. Racontez-nous votre parcours ? L’ébénisterie est-elle une tradition familiale ou avez-vous découvert cette belle profession sur le tard ? 

Carine Hecht, ébéniste : Mon grand-père travaillait le bois, mais c’était uniquement par passion. Donc je ne sais pas si c’est dans les gènes mais ça a été le fruit d’une reconversion professionnelle pour moi.  J’étais dans le milieu médical pendant plus de vingt ans. Je travaillais en laboratoire d’analyses médicales, un milieu qui a beaucoup changé et qui ne m’intéressait plus. Les laboratoires sont devenus des usines. Je ne m’y épanouissais plus. Je me suis alors posé la question de ce que je pouvais faire. 

Comment avez-vous choisi de vous tourner vers les métiers du bois ? 

Carine Hecht : Après une mauvaise journée au travail, je bricolais pour me changer les idées. De fil en aiguille, je me suis dit que ça pouvait être intéressant de me lancer dans une « activité passion ». J’ai donc intégré une école près d’Avignon et j’ai suivi une formation sur 10 mois à l’issue de laquelle j’ai reçu un diplôme de niveau 4. Cette formation, j’ai pu la financer en passant par l’organisme Transitions Pro. Ça a été le parcours du combattant, mais j’y suis arrivée ! 

Y avait-il beaucoup de femmes dans votre formation ? 

C.H. : Dans ma section, nous étions 7 sur 24. C’était un bon ratio. Et puis, les hommes de ma promotion étaient très bienveillants et sympas. Je pensais que ça allait être plus compliqué puisque j’entrais dans un monde très masculin mais finalement ça a été une super expérience.

Le bois est un matériau noble qui recèle une part de magie. Vous ne l’avez certainement pas choisi par hasard. Qu’est-ce qu’il vous évoque ? 

C.H. : Déjà ce qui me frappe c’est sa beauté ! C’est chaleureux, ça s’accorde avec tout. On peut en faire tellement de choses… Au final, la seule limite est fixée par notre imagination. Et puis, il y a son odeur également. En général, la première remarque de quelqu’un qui vient à l’atelier c’est : « Hum ça sent bon ici ! ». 

Vous avez fait vos gammes avec un ébéniste confirmé ou vous vous êtes installée tout de suite après votre diplôme ?

C.H. : Tout de suite ! Je me suis dit que c’était le moment d’essayer. Si ça marche, ça marche, sinon tant pis. On m’a dit que j’avais du courage de me lancer comme ça ! (rires) Finalement, ça c’est bien passé. Bien sûr, il y a des hauts et des bas mais c’est toujours agréable de pouvoir faire ce qu’on aime. 

Vous intervenez plutôt sur quels types d’ouvrages ? 

C.H. : Mon premier chantier ça a été de la restauration. J’ai été contactée pour restaurer la porte d’entrée d’un restaurant dans une maison de maître à Sorgues. Il s’agissait d’une grande double-porte vitrée de 3m de haut. J’ai refait tous les panneaux, l’étanchéité, changé le vitrage… Un petit challenge pour mon premier chantier ! Et puis j’ai enchaîné avec de la création. J’ai fait des dressings, des tables, des portes…

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En dehors des meubles qui sont le cœur de votre métier, vous travaillez plus sur de la restauration, de la rénovation ou de l’aménagement ? 

C.H. : C’est « kif-kif ». Niveau restauration, j’ai beaucoup de demandes. Des petits objets, des fauteuils, des plateaux… J’ai également eu une liseuse des années 1950 à reprendre. Et puis je me rends compte que j’ai autant de demandes de particuliers que de professionnels. Mais à l’heure actuelle j’interviens autant sur de la rénovation que de la création ou de l’aménagement. C’est assez varié. 

Et qu’est-ce que vous aimez particulièrement travailler ?

C.H. : Les meubles. Peu importe lequel. Après, j’aime bien tenter de nouvelles expériences donc quand on me propose des choses que je n’ai jamais faites, je suis partante ! J’aimerais bien m’essayer à des meubles d’extérieur. Je n’ai encore jamais eu l’occasion d’en faire. 

Une essence de bois de prédilection ? 

C.H. : Le chêne c’est toujours sympa mais ça devient très cher. Après, j’aime beaucoup le frêne, plus particulièrement le frêne olivier pour son veinage accentué. Et ça reste un bois abordable.

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Les ébénistes se font rares et pourtant on note une vraie appétence des Français pour l’artisanat et l’aménagement intérieur… Vous devez avoir beaucoup de demandes ?   

C.H. : Là je suis effectivement débordée (rires)… Je partage mon atelier avec une autre ébéniste qui est sortie de la même école que moi quelques années avant et ça nous permet donc de mutualiser certaines machines. Et puis nous sommes installées dans un village des métiers donc en tout nous sommes 6 ébénistes et tout le monde a du boulot ! Mais c’est vrai que le métier s’était fait plus rare parce que les gens ne faisaient plus appel à nous. Il y avait toutes ces enseignes comme Ikea, Conforama, But… qui prenaient l’ascendant. Ça necoûte pas cher mais ça manque d’originalité et surtout ce n’est pas de très bonne facture. Je pense qu’on en revient un petit peu. Les gens aspirent à des choses plus qualitatives et personnalisées aujourd’hui.

A quoi ressemble votre quotidien ?

C.H. :  Une journée type ? Beaucoup de stress ! (rires) Non plus sérieusement, cela dépend des chantiers et des projets. Par exemple, avant-hier j’étais sur un chantier pour poser un dressing et ça ne s’est pas forcément passé comme je pouvais l’imaginer. Quand on travaille en atelier, on a de la place pour circuler autour et il n’y a pas ces petits détails qui viennent perturber le travail comme ce boîtier d’alarme qui finalement gêne au moment de glisser le meuble dans son emplacement… Cette journée c’était sport. Je suis arrivée sur le chantier à 8h30 et je suis rentrée chez moi à 1h du matin. Après, quand je travaille à l’atelier, j’essaie de m’imposer des horaires pour me dégager du temps pour ma vie privée. J’arrive à 9h et je repars vers 18h30-19h. 

Parmi toutes les choses qu’on a pu vous commander, est-ce que vous avez déjà eu des demandes insolites ? 

C.H. :  Ah oui et d’ailleurs je ne l’ai pas faite ! Un jour, je reçois une demande particulière sur Instagram. On m’envoie une photo pour savoir si je peux reproduire la chose. Il s’agissait d’un objet très… surprenant. Je demande donc ce que c’est et je découvre qu’il s’agissait d’un objet sado-maso pour un club libertin ! (rires) C’était assez farfelu. 

Nous avons vu que vous travaillez également hors de votre secteur avignonnais. Vous recevez des demandes d’un petit peu partout ? 

 C.H. :  Oui, je livre ! J’ai des projets à Montpellier, Nîmes, en région parisienne… Tout est possible. 

A bon entendeur ! Et pour clore notre entretien nous souhaiterions connaître votre définition de l’art de vivre… 

C.H. :  Un équilibre entre un travail qui nous plait et une vie de famille. Et puis une maison qui soit « cocooning ». C’est d’autant plus important qu’avec l’émergence du télétravail, on passe de plus en plus de temps chez soi. Il faut s’y sentir bien pour s’épanouir.


L’Atelier de Carine,
bois et design

Site internet : L’Atelier de Carine

Instagram : @carine_ebeniste

Facebook : L’Atelier de Carine Bois et Design

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