Feng Shui, de la maison à votre entreprise : rencontre avec Nathalie Calvet
Qui êtes-vous Nathalie ? Quel a été votre parcours jusqu’ici ?
Nathalie Calvet : À l’origine, j’étais juriste. J’ai fait des études en droit, psychologie et psychiatrie criminelle. Puis j’ai bifurqué une première fois et j’ai monté une structure d’agent d’artistes. Pendant 10 ans, j’ai accompagné des artistes, je les coachais pour les aider à promouvoir leur carrière que ce soit dans l’écriture, le cinéma ou le théâtre. Et depuis 10 ans je me suis reconvertie à nouveau et je suis devenue expert Feng Shui.
Ah oui le grand écart ! Qu’est-ce qui a motivé tous ces changements de parcours ?
N.C. : En fait il y a un dénominateur commun : l’accompagnement des personnes. Que ce soit à travers leur lieu de vie ou leur carrière, ce qui m’intéresse c’est d’accompagner des hommes et des femmes dans le développement de leur potentiel visible ou moins visible.
Ce qui a vraiment motivé mon « changement de vie » artistique c’est que j’ai eu le sentiment que la boucle était bouclée. Je n’avais pas envie de me développer davantage dans mon activité d’agent d’artiste. Je m’occupais de 25 artistes et je ne voulais pas basculer dans le modèle de la grosse agence. Je voulais vraiment rester près des gens. Soit, je vendais ma structure – et moi avec – à une grande société, soit je partais sur un nouveau projet. C’est ce que j’ai fait !
Tout le monde a plus ou moins entendu parler du Feng Shui sans vraiment savoir l’expliquer. Comment pourrait-on le définir ?
N.C. : Notre vie étant liée à notre environnement, le Feng Shui va identifier les influences du milieu dans lequel nous vivons afin de créer une circulation des énergies harmonieuse au sein de nos lieux de personnel et professionnel apportant ainsi bien être et bonheur en se reconnectant à l’énergie des lois de la nature.
On peut ainsi fluidifier la circulation des énergies, éliminer les blocages intérieurs par la décoration et l’agencement des pièces, des meubles, des matériaux, des couleurs.
Ça vient d’où le Feng Shui ?
N.C. : C’est extrêmement vieux, c’est une des sciences du taoïsme qui remonte à la Chine traditionnelle, il y a plusieurs milliers d’années. Cette discipline est vraiment reliée à l’énergie que l’on a à l’extérieur de nous, c’est-à-dire dans la nature. En Feng Shui, 70% de l’énergie se situe à l’extérieur de notre lieu de vie. C’est extrêmement important de se concentrer d’abord sur les extérieurs des endroits géographiques où l’on va habiter ou ceux dans lesquels on va travailler. Si l’énergie extérieure est déjà en adéquation avec nous, il suffit d’harmoniser son intérieur avec qui on est.
Et comment devient-on maître Feng Shui ? Ça ne s’improvise pas…
N.C. : Effectivement ! Moi je pratique le Feng Shui traditionnel chinois mais il existe d’autres grandes lignées comme le Wabi-Sabi japonais ou le Vastu Shastra, le Feng Shui sacré d’Inde. C’est un maître, Moune Jans, de la lignée Yap Cheng Hai qui m’a transmis son savoir énergétique. Dans la tradition, cette transmission se fait par l’oralité. On travaille d’abord sur notre propre énergie pour comprendre comment on fonctionne. Ce qui est saisissant avec cette discipline, c’est que l’on travaille sur l’énergie dans la matière, autrement dit, on transpose l’invisible dans le visible.
Comment fait-on ?
N.C. : Ce qui m’intéresse c’est de comprendre comment le flux de l’énergie se matérialise et comment il bouge. Comment se fait-il qu’à durée de sommeil équivalente, vous ne vous réveilliez pas dans les mêmes dispositions ? C’est vraiment lié aux blocages énergétiques que l’on peut rencontrer chez nous. La maison est le parfait miroir de qui nous sommes. Si je déplace un élément dans ma maison, ça va modifier une énergie dans la maison et jouer sur ma perception inconsciente de l’espace et mes émotions.
Un exemple concret à partager ?
N.C. : Récemment, une personne m’a contactée me disant que c’était la catastrophe, qu’elle avait des soucis récurrents d’argent depuis décembre et que ce n’était pas du tout le cas avant. Je lui ai demandé si elle avait changé un élément de décoration dans sa maison. Et soudain, j’ai vu une énorme glace dans un endroit de la maison dans lequel il devait y avoir de la terre. Or la symbolique du miroir en Feng Shui c’est l’eau. Et de l’eau dans la terre, ça crée un tsunami. Nous avons donc enlevé le miroir et sa situation s’est débloquée très rapidement
L’énergie extérieure d’un lieu prime mais qu’en est-il de l’énergie propre à chaque individu. Nous n’avons pas tous les mêmes « couleurs », les mêmes émotions… Vous devez vous adapter à chacun ?
N.C. : Tout à fait. C’est en fonction de qui on est, en fonction de notre thème astrologique, de nos besoins, de ce qui nous manque également.
Comment ça se matérialise ?
N.C. : En accompagnement du Feng Shui, je pratique l’astrologie chinoise. Je vais opérer à partir de votre thème astral en corrélation avec les cinq éléments que sont le bois, l’eau, le métal, la terre et le feu. En fonction de votre date de naissance, je vais par exemple définir si vous avez besoin de plus de feu – autrement dit de plus de lumière – ou, au contraire, de plus de terre donc des endroits plus stables où on va se sentir plus sécurisé. C’est propre à chacun.
À partir de ce travail préalable qu’est-ce que vous allez faire ?
N.C. : Après avoir défini les besoins de mon client, je vais harmoniser les points de circulation énergétique de la maison. C’est comme en acupuncture ! Il y a des endroits où il va falloir dynamiser l’énergie que l’on appelle le « qi » et d’autres où il va falloir le ralentir.
Un exemple à partager ?
N.C. : Par exemple, il y a des endroits dits « yang » que sont l’entrée ou la cuisine qui correspondent à des énergies hautes avec des matériaux, des formes et des couleurs plus dynamiques. À l’inverse, des pièces comme la chambre à coucher ou la bibliothèque auront des énergies plus « yin », moins denses et plus propices à la détente. Des pièces qui participent à la « réénergisation » du corps mais de façon plus douce.
Comment intervenez-vous concrètement lorsque l’on fait appel à votre expertise ?
N.C. : Pour commencer, je vais avoir besoin du plan de la maison ou des bureaux de la personne qui me contacte. Je vais ensuite prendre des mesures avec une boussole géomantique chinoise que l’on appelle un « luo pan ». Cela me permet de voir comment l’énergie entre et circule dans l’espace. Bien sûr, l’énergie est différente selon l’orientation de votre maison. Et en fonction de cette première détermination, je vais pouvoir conseiller mes clients. Par exemple, une lumière plus vive à tel endroit, un tapis pour ralentir le flux énergétique ici…
Nous évoquons ici les énergies extérieures mais qu’en est-il de nos propres énergies ? Elles sont changeantes. Nous n’avons pas forcément les mêmes envies, les mêmes aspirations ou besoins à 20 ans qu’à 40 ou 60 ans…
N.C. : Effectivement, l’étude de l’énergie extérieure est la première mesure « intangible » que je pratique puis vient l’analyse du cycle de temporalité. Ce cycle, c’est celui de la nature et des saisons mais c’est aussi notre propre cycle intérieur d’être humain. Vous pouvez être plus sensible à un certain moment à la ville et son énergie métallique et quelque temps plus tard ressentir l’appel de la campagne et son énergie de terre. Donc en fonction des cycles que vous traversez, votre lieu de vie sera plus ou moins bénéfique. C’est pourquoi je fais toujours un entretien d’environ deux heures avec mes clients pour comprendre leurs objectifs de vie et cerner leurs attentes. Et dans le cas où le lieu de vie n’est plus adapté aux besoins de mes clients, je les aide également à en trouver un nouveau. J’étudie beaucoup les zones géographiques et je travaille également avec des architectes et des décorateurs intérieurs. J’interviens auprès d’eux dans la réalisation de plans ou lors de travaux de rénovation.
Après la prise de mesure et l’analyse de l’état d’esprit de vos clients, comment se matérialise votre proposition ? Vous faites des maquettes, des croquis, des projections 3D ?
N.C. : Alors je travaille sur les plans de la maison et je les leur rends avec des couleurs à prioriser ou à éviter, des suggestions de matériaux, des propositions de réagencement… Bien sûr, cela se fait en tenant compte de leurs goûts. Si par exemple la personne a besoin de bois mais qu’elle déteste les plantes, on va plutôt partir sur la matière première. Par exemple : l’énergie d’un meuble en bois ou d’une forme comme le rectangle.
Avec la crise Covid et les confinements successifs, avez-vous noté une recrudescence de demandes en Feng Shui ?
N.C. : C’est un peu particulier… Je me déplace toujours dans les lieux. Je ne peux pas faire d’expertise à distance. Il faut que je sois sur place pour prendre les bonnes mesures avec la boussole parce qu’à un degré près, on peut totalement changer l’énergie et fausser le diagnostic. Avec la Covid, non seulement je n’ai pas pu me déplacer mais en plus j’ai senti une forte réticence des personnes à ouvrir leur porte à un tiers.
Ça prend combien de temps d’opérer une analyse Feng Shui et le retravail d’un espace ?
N.C. : Évidemment cela dépend du projet mais pour un appartement de 50m2 sans modification structurelle, il me faut en moyenne une journée sur place, une demi-journée d’analyse des mesures et une semaine pour rendre un rapport détaillé de 10-15 pages au client.
Un exemple de projet que vous avez mené ?
N.C. : Je pense à la maison d’un avocat à Meudon sur laquelle je suis intervenue. Il voulait réaliser de gros travaux de structure pour faire une extension de cuisine et il m’a consulté. J’ai travaillé à la fois sur l’intérieur pour rendre le projet énergétiquement favorable, mais aussi sur le jardin où nous avons créé des points d’eau. En Feng Shui, l’eau est l’énergie de la richesse. Cela dans le but de favoriser la réussite professionnelle de mon client, notamment un développement à l’étranger. J’étais intervenue en mars et en juin il avait gagné un marché en Australie pour deux ans.
Aujourd’hui, nous constatons un mouvement de fond qui naît dans les entreprises. Nous passons beaucoup de temps sur notre lieu de travail, parfois plus que chez nous. Il devient un second lieu de vie et les entreprises commencent à s’emparer de ces questions de bien-être au travail et d’ergonomie. Il y a un enjeu de productivité bien sûr et d’attractivité mais on remarque que le Feng Shui entre de plus en plus dans les bureaux…
N.C. : Effectivement, je travaille avec des entreprises depuis 10 ans et je constate que les choses ont changé depuis 5 ans. Il y a 10 ans, l’enjeu des entreprises qui me contactaient était très clair : potentialiser et augmenter le chiffre d’affaires. Depuis 5 ans, la question de la rentabilité demeure mais s’ajoute le souci du bien-être des salariés. Je pense notamment à une banque d’affaires à Paris pour laquelle j’ai travaillé au mois de juillet et où on m’a demandé de réaliser des aménagements de structures conviviales mais aussi des espaces où les salariés pouvaient s’isoler : des « cabines de bien-être ». L’objectif est de trouver un équilibre entre le travail collectif et la régénération des énergies individuelles. Avoir du temps pour soi pour mieux repartir dans l’énergie du collectif en somme.
Cela favorise-t-il la productivité des salariés ?
N.C. : Tout à fait. En leur offrant la possibilité de faire des petites siestes, de se ressourcer, ils sont naturellement moins fatigués et donc plus efficaces.
Vous travaillez essentiellement sur des espaces de type « bureaux » ?
N.C. : Je repense des bureaux oui, mais je travaille également avec des indépendants : des cabinets d’ostéopathes ou de médecins, des restaurants, des magasins… Dans des lieux qui accueillent du public, l’enjeu est double : organiser harmonieusement le cadre de travail des employés et faire en sorte que les clients s’y sentent bien.
Quels résultats le Feng Shui peut-il avoir sur des entreprises ? Votre intervention est-elle « quantifiable » ?
N.C. : En moyenne, les entreprises pour lesquelles j’ai opéré une expertise Feng Shui ont augmenté entre 20% et 40% leur chiffre d’affaires sur l’année. Pour vous donner un exemple, j’ai travaillé pour un joailler place Vendôme. J’ai organisé toute la circulation, la structure mobilière, le choix des pierres à exposer sur les présentoirs… J’ai travaillé sur la chromothérapie, autrement dit sur comment la lumière intervient dans la réception et la perception de la pierre. Au final, leur CA a augmenté de 42%.
C’est effectivement une belle augmentation mais comment la mettre au crédit de votre intervention ? Quelles preuves pouvez-vous apporter ?
N.C. : J’ai coutume de dire que c’est comme dans un restaurant. Si le plat est bon, vous le finissez sinon vous n’y touchez plus. C’est pareil pour moi. Si les gens me rappellent c’est qu’ils sont satisfaits des résultats obtenus.
Face aux sceptiques et aux esprits cartésiens qui voient le Feng Shui comme une discipline très ésotérique, que leur répondez-vous ?
N.C. : Je leur réponds qu’il faut tester. Moi j’ai testé. Il faut voir si cela fonctionne sur nous ou non. C’est la preuve par le résultat.
Comme pour l’hypnose, est-ce que ça ne fonctionne pas parce qu’on a envie que ça fonctionne ? Une sorte d’effet placebo en somme…
N.C. : Prenons l’exemple de la pensée positive. Je vais me persuader que ça va aller mieux alors ça va mieux. Cela dit, ces effets ne peuvent pas durer dans le temps. Avec le Feng Shui, on s’appuie sur des choses matérielles. Les dimensions des espaces, les orientations, les mesures de la boussole… je traite des données factuelles. Et mon intervention se basant sur une expertise factuelle, les résultats durent dans le temps.
Merci Nathalie pour ces réponses franches et cette plongée dans l’art du Feng Shui. D’un art à l’autre il n’y a qu’un pas, alors pouvez-vous nous dire quelle est votre définition de l’art de vivre ?
N.C. : L’art de vivre c’est être en harmonie avec qui on est. C’est l’adéquation parfaite des énergies intérieures et extérieures.